River man /

Betty came by on her way
Said she had a word to say
About things today
And fallen leaves

Said she hadn’t heard the news
Hadn’t had the time to choose
A way to lose
But she believes

Gonna see the river man
Gonna tell him all I can
About the plan
For lilac time

If he tells me all he knows
About the way his river flows
And all night shows
In summertime

Betty said she prayed today
For the sky to blow away
Or maybe stay
She wasn’t sure

For when she thought of summer rain
Calling for her mind again
She lost the pain
And stayed for more

Gonna to see the river man
Gonna to tell him all I can
About the ban
On feeling free

If he tells me all he knows
About the way his river flows
I don’t suppose
It’s meant for me

Oh, how they come and go

Nick Drake

samedi 14 novembre /

Quelques bougies silencieuses dans le brouhaha des vitrines. Elles sont toutes petites.

Et il y a la solitude des Hommes, la force de leur poings, l’ardeur recommencée des jours sous le soleil âcre des gens qui combattent pour rien.

Je marche à la droite de la cathédrale dans un froid attendu. La solitude des hommes, la force de leurs poings, l’ardeur recommencée des jours sous le soleil âcre des gens qui ont façonné ces pierres silencieuses dans le brouhaha des idoles d’or.

Il y a la voix de Joanna Newsom qui donne envie d’arracher des milliers de cœurs avec les dents, les porter miséricordieux à bout de bras comme les trophées des temps anciens, des idoles d’argile.

Il y a la voix de Joanna Newsom et les boyaux des animaux sacrifiés pour que je n’entende que ma religion tinter dans sa bouche grande ouverte et ses mains sèches, celles des hommes silencieux qui aiment et lâchent prise.

inspiré de Go Long de Joanna Newsom

Le combat contre l’effondrement /

Qu’est ce que je pourrais dire de mon passé ou de mon présent qui en vaille la peine

Je suis juste là maintenant.

J’ai souhaité conduire ma voiture vite ou au moins être ce genre de personne qui pourrait le faire

J’ai collectionné compulsivement les cailloux pour éviter le silence

Je suis juste là maintenant.

J’ai encré dans mon corps la personne que je suis et celle que j’aurais voulu être

Sans jamais réussir à faire coïncider les deux

J’ai cherché à rajouter sa clé en espérant qu’il viendrait me la déposer

Je me suis cogné à des murs de plus en plus proches et épais

J’ai oublié de chercher une porte

J’ai pensé au cerisier et à la robe blanche qui se sont éloignés inexorablement

Avec mon grand trou au milieu du corps

Je gloutonnais du mépris et je suis toujours tellement en colère

J’ai mis du vent dans mon savoir-vivre

J’ai mis de la force dans mes veines

J’ai mis de la liberté dans mes poings

J’ai mis des larmes de crocodile dans mon cœur

Comme tout le monde j’ai rêvé des fjords d’Islande, de cet ébéniste

J’ai laissé ces images s’éloigner parce que je pensais, comme tout le monde, ne pas les mériter

J’ai trainé ma putain d’ancre à droite de plus en plus lourde au fil des ans

Depuis longtemps, la boussole avait l’arme à gauche

Plus d’hortensias bleus, à genoux je relève mon regard vers le ciel

Le combat contre l’effondrement.

Maintenant je suis juste là.

Et toi tu me demandes maintenant pourquoi je n’ai pas fait ça mieux

Je te dirais

Qu’y a-t’il que je puisse retirer de mon passé ou de mon futur qui en vaille la peine

J’ai pris le temps de trop réfléchir, de perdre espoir, de pleurer mon enfant mort

De porter les branches de cerisiers et les papillons d’or et la clé qui dérangeait

En espérant quand même qu’il la récupère

J’ai joué ma vie dans des gargotes de pirates à Java

Je les ai tous essayé, j’ai pleurer pour que ça vienne à moi

Les murs toujours, juste au bout de mes ongles, j’ai arrêté de gratter

J’ai accepté qu’ils ne soient jamais là.

Six pieds sous terre

Maintenant je suis juste là.

J’ai l’éternité pour apprendre à aimer l’humanité à pardonner la déchéance

A me nourrir des anges

A en faire ma famille

A me dire que l’art qui au fond de mon malheur a été là peut servir à d’autre

Parce que moi maintenant je suis juste là, je n’ai plus besoin de lui ni de rien.

Six pieds sous terre mon gars

Et juste au paradis.

Pour Natacha V.

Où es-tu ? /

Chaque cellule du corps me brule. Tu me manques à hurler et il y a tellement trop de silence maintenant. Si j’écris ton nom mille et mille, mille et mille et une fois est-ce que les cris s’apaiseront ?

Je me suis déliée. Maintenant je tâtonne dans le noir, les doigts blessés pour trouver un bout de fil qui survit.

Je relis tes mails à toute heure, je gomme les mots qui me fâchent, j’arrête de lire tes mails, je les reconstruit dans ma tête n’importe comment, je leur fais dire des phrases que tu n’as jamais prononcées.

Où es-tu là dedans ?

Tu me manque à hurler.

Lâcher prise, ça n’est pas laisser faire /

Je t’ai quitté il y a peu. Ou plutôt tu es parti dans me dire au revoir. Je suis venue à une soirée où tu voulais que je sois sans que je comprenne pourquoi et après l’avoir vécu je comprend encore moins.

J’ai reçu un message de Julien. Il parait qu’il m’aime, qu’il ne me demande rien, qu’il me demande pardon. Et moi je lui répond que je ne suis pas libre. Et c’est en pensant à l’homme qui est parti sans me dire au revoir que j’ai raccroché précipitamment, parce que je voulais, moi, te dire au revoir.

Nous allons passer l’été sans nous voir et je garde l’image de celui qui m’a laissé seule sur le trottoir.

J’ai relu tous les échanges de messages depuis le neuf où tu t’es excusé _une fois n’est pas coutume. Du gâchis, de l’incompréhension. Une immense et profonde colère enfantine, une colère qui ne passe plus que par les larmes. Un profond sentiment d’injustice. J’ai souvent été entourée dans ma vie de personnes arrogantes incapables de se remettre en question. Je voudrais bien pouvoir dire c’est pas grave, je m’en fous. La vérité c’est que ça me fait mal à chaque fois.

Je t’en veux. Je ne t’ai jamais autant haï que maintenant et pourtant je pensais qu’on avait touché le fond.

J’ai acheté ce carnet il y a quelques jours. Je t’avais vu, tu avais ri en ma présence. Tu as dormi dans mes bras, j’allais te revoir. Il y avait un grand soleil con, je suis allé courir le cœur haut flottant dans les feuilles. Et le soir je t’ai vu avec tes clark’s de prof, un jean, une chemise blanche, ta cravate mal nouée et un petit pull tout simple, celui sur lequel je dors quand on prend la voiture pour aller en forêt. Je me suis sentie spéciale.

C’était il y a mille ans.

J’estime avoir fait un sans faute. Je me suis bien battue, j’ai ma conscience pour moi, la colère et la tristesse passeront. C’est fini. C’est tout.

nahuatl cacahuatl /

Justine est partie ce matin à Obernai, je ne l’ai pas entendue mais j’ai senti l’odeur du café qui m’a presque réveillée. J’ai rêvé de lapineaux et de canetons à qui je donnais du lait concentré en pleine apocalypse. J’ai accepté de me lever à 13h30, encore un dimanche de gâché.

Comme j’ai du mal à me remettre de cette gueule de bois de fatigue, j’écoute le dernier album de Grimes et Dieu sait qu’il n’est pas bon, mais sa nouvelle bubble-pop me tient éveillée dans une presque ambiance chaleureuse.

Je sors deux rangées de chocolat noir, deux petits pots de compotes de pommes, une cuillère à soupe d’huile de pépin de raisin, deux cuillères à soupe de sucre complet, deux cuillères à soupe de graines de lin concassées, une demi cup de lait d’avoine. Je laisse poser. J’allume mon four pendant la dernière demi heure d’heure creuse, c’est toujours ça de pris, je pense à lui très fort, j’écris à Elle.

Je mélange deux cups de farine, une cup de farine d’avoine, une cuillère à café de poudre à lever sans phosphate, une cuillère à café de bicarbonate de soude, une pincée de sel.

J’incorpore le mélange sec au mélange humide pendant que je chante Realiti à tue-tête.

Une demi-heure à 180°, j’attends. Je ne comprend pas pourquoi les gens ont du mal à travailler avec moi alors que j’ai simplement du mal à vivre avec eux.

Welcome to my realiti.

Mon gâteau vegan au chocolat est cuit. Justine va rentrer d’Obernai. L’odeur du chocolat m’endort.

gateau