People are not futile devices /

Quand je marche mes seins ondulent comme la surface de l’eau
Deux oies qui dodelinent
Un dimanche de contentement.
Je pose ma main sur mon sein
Ravie de sa présence encore


Tu es minuscule
Tu viens de naitre et ta présence me remplit d’une joie qui m’éclate le cœur
je regarde ta mère
Je regarde ton père
Je vois nos vies qui s’écoulent.


People are not futiles devices.

T’es hier /

Je n’avais pas compris que par ton cadeau tu me reléguais à hier. Plus à deux mains. Que tu me rendais l’utilité comme Mary Poppins est montée au ciel.

Tu es passé dans ma vie comme un coup de vent dans un parc décharné. Un goût de thé et de menthe et de mensonge sur les lèvres. Une négociation dans le regard.

Tu as déboulé avec une fausse candeur au dernier jour d’octobre. Oserais-je dire le même jour que lui un an trop tard ? Oserais-je dire le même jour qu’elle forcément trop tôt ?

Je ne pensais pas que c’était encore possible. T’écrire et ne plus attendre là. J’ai cousu de fils d’or les satellites de ta psyché. J’ai espacé les lettres jusqu’à restaurer le silence. Quelques cygnes. Quelques vomissures pictographiques. Tu m’appelais mon brocoli mon cristal.

Le jour de l’indépendance de l’Islande je fêterai ton anniversaire. 5 jours avant le mien je fêterai le tien. Du 12 au 17 il y a les 5 lettres de mon prénom que tu aimais tant. Je ne pensais pas que le cœur avait une mémoire autonome.

Je voudrais te rendre comme un CD rayé, comme une bouteille bouchonnée, comme un curry vert trop épicé, comme la nausée du matin, comme les clefs de notre appartement, le gilet emprunté à ma sœur, les lauriers à César, comme on rend les armes.

On va s’arrêt thé là.

Je ne suis pas hier. Tu n’es pas deux mains.

La consolation /

J’ai raté mon roman. J’ai raté ma maternité. Mes films avortés et pas qu’eux. J’ai raté mes nuits et le repos du guerrier. J’ai raté ma gloire et mes mots sans lecteurs. J’ai raté la beauté de la jeunesse que je n’ai jamais eu. J’ai raté l’amour de ma mère et des garçons de passage, ma jalousie. Je n’ai pas raté mon néant et ceux qui réussissent. J’ai raté mes larmes, je ne sais même plus à qui je les ai offertes. J’ai raté tous les desserts de tous les repas auxquels mes amis m’ont conviée. J’ai raté mon mariage. J’ai raté quelques histoires d’amour avec des garçons et des filles que je n’ai pas su accueillir, garder pour certains. J’ai raté cinq commissions du CNC. J’ai raté ma carrière de cheffe op et quelque peu celle de réalisatrice. J’ai raté le charisme que mes pensées semblaient porter. J’ai raté nos ruptures. J’ai raté ma première analyse. J’ai raté ma deuxième analyse. J’ai bon espoir pour la troisième. J’ai raté mes prétentions artistiques et celles de ma sœur. Devenir pianiste, devenir peintre, devenir harpiste et productrice. J’ai raté ma carrière d’éclusière et d’ermite. J’ai raté les mots dits, j’ai raté les silences. Je n’ai pas raté les mots cruels. J’ai raté des amitiés auxquelles je tiens encore. J’ai raté la sagesse et les mots jamais au-dessus des autres. La pluie qui tombe, les années qui passent et les régimes à la con. J’ai raté l’envie de réussir, ma santé et partir en laissant une trace.
.
Mais de ça je me console, parce que tu es là désormais.

doujorgelow

Moon /

moon

Il y a des lunes où il n’y a rien d’autres à faire que de hurler dans la nuit.
Lancer les chiens et sonner l’hallali de la fausse innocence et des faux amis.

Dans le brouhaha de la vénerie dépecer les silences, les serments de la ville.

J’arracherai des jarrets de ceux qui me piétinent, les serments de Judas.
Je lécherai mes pattes grises au goût métallique du sang de mon dernier repas.

Agneaux, prenez garde aux mâchoires acérées de la louve acculée.
Vos enfers sont délabrés, mais son territoire n’est pas votre royaume.

 

pendentif lune : Cleopatrasbling
tarot : aquarian deck

 

 

L’amour passe /

rueduciel

Je regarde les horizons décharnés
De tes certitudes arides.
L’étendue de mon cœur et de mon corps
N’est pas le désert des tartares.
Bien trop tard pour ton désir au rabais
Et ton sarcasme me fait rire.
Tu reprends les heures tues
Notre hier n’est plus à revoir.

Photo pour le concours #cieldesamours avec Eric Lefortson et Toner d’amour en « amour qui passe »

Avant l’orage /

Des perles d’eau bien rondes roulent avec fracas
Sur la plaque encore brulante que tu viens tout juste d’éteindre
Elles crépitent en de petites explosions humides
Et viennent embuer les fenêtres de notre cuisine
Le soleil coule à présent sur les vitres où nous posons nos mains,
Oubliant la glace des hivers auxquels nous avons survécus.

Le soleil est devant moi.

Les fenêtres se ferment dans un bâillement moite,
Les appartements japonais de l’immeuble thé vert de la rue du pressoir
Disparaissent dans une brume vespérale
Et la jungle délirante d’un carrefour émancipé
Exhale ses parfums d’aldéhyde et de bitume.

Les filles balancent leurs ventres sur pilotis
Suivant la cadence d’une galère millénaire
Leurs larmes n’adhèrent plus à la surface lisse de leurs cuisses désabusées
Non, il n’y a plus de traces sur les routes qu’elles empruntent.

Les boucles de mes cheveux lasses de rebondir et alourdies de chaleur
Se sont laissé choir le long de mon cou
Que tes lèvres n’approchent plus depuis le début des hostilités.

Je regarde les rideaux effacés voler mollement dans les pales du ventilateur
Je n’essaie plus d’y voir les frimas sylvestres
Et la touffeur indonésienne des forêts de la Seine et Oise
Remplit la canopée d’un espace oublié d’oiseaux repus de lumière.

Nos gestes se délaient dans les caresses lointaines que nous nous offrons cordialement
Et rien ne vient perturber la transpiration qui satine ma peau
Et que le vent emmène et avec lui, les scories noires de mes nuits blanches.

Tu respires mal dans cet autre espace éloigné de moi
Tu me détournes le regard sur l’eau tranquille où je noie ma torpeur
La canicule nous vole les dernières sensations de ta peau sur la mienne.
C’est parti dans l’eau des douches et des rivières sans un mot.

Nous attendons l’orage